
Deux personnes sur trois affirment souffrir de ne pas obtenir de réponse lorsqu’elles envoient un message (email, SMS, message vocal).
Personnellement, j’avoue que je faisais partie de cette statistique, jusqu’au jour où je suis tombée sur cette vidéo BRUT qui m’a fait prendre (un peu) de recul.

Je suis sûre que vous vous êtes déjà retrouvé(e) dans l’une de ces situations.
1. Parents, vous tentez de contacter votre ado. Vous commencez par lui téléphoner, mais il ne répond pas. Vous tombez sur sa messagerie, vous laissez un vocal en lui demandant de vous rappeler rapidement, deux heures plus tard toujours pas de réponse.
Excédé, vous lui envoyez un sms… Toujours rien. Et là vous vous faites la réflexion suivante : « Non mais il/elle se fou de moi il/elle est greffé(e) à son smartphone toute la journée et il/elle ne voit pas mon message !?! ».
2. En recherche d’emploi, vous postulez à une annonce. Il est stipulé « recrutement urgent avec une dead line ». Vous correspondez parfaitement au profil demandé. Vous envoyez rapidement votre candidature (C. V + lettre de motivation).
Et là rien… Pas de réponse… L’annonce passée, vous vous apercevez qu’elle est rééditée et toujours pas de réponse.
Dépité(e) vous commencez à psychoter en vous disant que vous vous êtes peut-être surévalué (e), que votre candidature n’est sans doute pas digne d’intérêt et blablabla.
3. Les pieds dans l’eau à cause d’une fuite dans votre salle de bains, vous contactez un, deux, voire trois plombiers (ça marche aussi avec les électriciens ou les réparateurs de chaudière.). Vous laissez des messages en argumentant sur l’urgence de la situation. La journée se passe et aucun des trois ne vous a rappelé… Et là vous n’avez pas le choix. Vous décidez de prendre votre mal en patience et de subir la situation en espérant un appel hypothétique dans la soirée.
Ça vous parle ? C’est du vécu ?
Nous vivons dans un monde hyper connecté et pourtant, nous n’arrivons pas à communiquer. Ou c’est peut-être que nous le faisons mal.
Nous pouvons aussi décider de changer de point de vue : c’est peut-être parce que nous sommes hyper connectés que nous ne nous donnons plus la peine de soigner notre communication.

POURQUOI NOS INTERLOCUTEURS NE NOUS RÉPONDENT PAS?
Il faut bien l’avouer. Nous sommes submergés d’Email promotionnels, de sms frauduleux et consulter sa boite vocale est devenu le seul réflexe des seniors !
Les messages s’empilent dans notre feed comme un millefeuille de sollicitations.
Des demandes qui raisonnent comme des obligations de faire, de renseigner, de rappeler, et qui, mises bout à bout, conduisent à procrastiner et donc à ne pas faire.
Rappeler, c’est aussi décider, faire un choix, se responsabiliser. D’où la tentation, lors de la réception d’un message inconfortable, de laisser courir.
On y répondra « aujourd’hui peut-être ou alors demain ».
D’autres facteurs entrent également en ligne de compte.
Les multi-sollicitations, la peur de dire non, le besoin de prendre son temps pour donner sa réponse sont des pistes proposées par Malene Rydahl autrice du livre intitulé « Je te réponds… moi non plus ».
Je me souviens, à une époque de ma vie, avoir eu comme mission de répondre aux demandes de stage ou aux candidatures spontanées.
Je trouvais cette mission plutôt utile dans le sens où les personnes qui mettaient toute leur énergie à candidater correctement (cv+ lettre de motivation manuscrite) avaient pris du temps et mis leurs espoirs dans cette candidature.
Ne pas y répondre m’aurait paru irrespectueux.
Autre temps et autres mœurs, les candidatures se sont digitalisées. On les retrouve sur des plateformes déshumanisées. Pour sûr, c’est pratique, rapide, facile et surtout non-engageant.
Nous proposons nos services à des plateformes automatisées gérées par un algorithme qui traite notre candidature « grâce » à l’A.I.
Pourquoi voudrions-nous, dès-lors, que ce process reflète un quelconque touche d’humanité ?

POURQUOI EST-CE SI INSUPPORTABLE ?
En fait ne pas recevoir de réponse à nos attentes nous est insupportable, car elle réveille en nous toutes nos insécurités. Celles de ne pas être assez bien, de ne pas être aimé, de ne pas être respecté(e), de ne rien valoir aux yeux de ceux que l’on aime ou de ceux dont nous voudrions être aimé.
Cette non-réponse, nous remet en question, nous cogitons, au point parfois, d’élaborer le scénario du pire, souvent bien loin de la réalité. Notre cerveau humain est très fort pour ça !
D’autant que les stratégies mises en place par la technique censée nous rassurer se retourne parfois contre nous. Les confirmations de lecture des messages, le si sécurisant VU, cette « surveillance digitale » viennent paradoxalement amplifier ce sentiment.
La paranoïa s’invite alors et rajoute à la frustration de la non-réponse, ressentiments et mal-être. « Mon message a été reçu, j’en ai la confirmation visuelle et je n’ai pas de réponse ? Pourquoi ce silence ? … ».
On n’envisage pas une seconde que le message envoyé n’ai pas été effectivement lu, pris en compte et traité.
On n’envisage pas non plus que le « dit message » puisse être l’antépénultième d’une longue liste. Tellement longue qu’il risque même d’être arbitrairement mis de coté à cause d’un critère de sélection qui dépasse notre champ de contrôle.

COMMENT Y FAIRE FACE ?
Une fois que l’on prend conscience de tous ces paramètres, il convient de prendre raisonnablement du recul face à cette frustration. Je l’avoue la situation peut-être exaspérante mais ce n’est pas parce que vous vous énervez que la situation va s’arranger.
Le plus simple pour s’éviter une montée de tension et de vous renseigner à quelle heure il est plus pertinent de contacter votre interlocuteur (jour, horaire, moyen).
Il peut être également intéressant de prendre, lorsque c’est possible, le contre-pied de la situation.
Contacter en direct votre interlocuteur est un bon moyen de construire un lien tangible. Vous n’êtes plus une adresse Email ou un sms anonyme, mais une vraie personne.
Personnellement, j’ai de bien meilleures réponses lorsque je me déplace dans certaines administrations (impôts, CAF, URSSAF) que lorsque je me contente de téléphoner ou d’envoyer un email sur une hypothétique boite Email (que personne ne consulte).
Alors certes, cela peut vous mettre dans un inconfort passager (trajet, attente, devoir s’exprimer sans s’énerver) mais ce n’est rien à côté de l’attendre au standard téléphonique (« vous avez 15 mn d’attente bip bip. ») et des réponses parfois hors-sol dû à un défaut de communication ou d’information et qui finissent souvent par un «je ne vous entends plus bip bip bip ».

Je reste cependant intimement persuadée que le problème de la non-réponse vient également d’une culture éducative défaillante et d’un zapping institutionnalisé.
Comme si la modernité des outils utilisés devait nous exempter d’apporter cette fameuse réponse.
De mon temps, on apprenait aux enfants à dire bonjour, merci, au revoir. Il serait peut-être urgent de rappeler ces fondamentaux.
Source : « Je te réponds… moi non plus », Malene Rydahl