Au-delà de l’aspect commercial, Halloween est un moment particulier. Des films d’horreur aux maisons hantées en passant par les maquillages des plus effrayants, nous choisissons, chaque année volontairement, de nous confronter à nos peurs les plus profondes. Mais pourquoi l’homme aime-t-il se faire peur, et que peut-il en retirer ? Je vous propose, dans cet article, d’explorer les raisons de cette fascination pour l’épouvante et les avantages qu’elle peut nous procurer.
En me promenant le long de l’avenue Grassion Cibrand, j’ai été interpellée par une apparition venue tout droit d’outre-tombe. Une jeune fille me regardait fixement par la fenêtre. Les mains collées à la vitre, les yeux vides de sens et le teint livide.
Elle semblait m’interpeller.
Si l’idée était de me mettre mal à l’aise, la mission était réussie ! Car j’ai sincèrement été saisie par cette troublante décoration grandeur nature. Moi qui ne suis pas très fan du concept d’halloween, je me suis interrogée sur le pourquoi d’un tel engouement. Aller jusqu’à coller un poster géant sur sa fenêtre avait sûrement du sens pour ceux qui l’avaient installé.
« C’est pour rigoler, pour faire peur et animer la rue…Nous, on adore, pas vous ? ». …Les goûts et les couleurs…
P.O.V : mais pourquoi utiliser la peur, l’émotion la plus stressante, comme médium pour nous amuser ?
I. DES RACINES PROFONDES
L’attrait de l’homme pour l’épouvante trouve ses origines profondément ancrées dans notre évolution en tant qu’espèce et dans notre développement psychologique en tant qu’individus.
Ce phénomène peut être expliqué par plusieurs facteurs qui sont, comme souvent, intimement liés à notre histoire évolutive et à notre psychologie en tant qu’être humain.
Notre attrait pour les expériences effrayantes peut être considéré comme une réponse à des mécanismes de survie hérités de nos lointains ancêtres. Au cours de notre évolution, la capacité à détecter et à réagir rapidement au danger a été cruciale pour notre survie en tant qu’espèce.
Les situations effrayantes, même si elles sont simulées de nos jours, peuvent encore évoquer des réponses biologiques de survie, telles qu’une montée d’adrénaline et une vigilance accrue.
Par conséquent, notre fascination pour l’épouvante peut être liée à notre instinct de survie ancestral.
II. UNE MANIERE D’APPRIVOISER LA MORT
Derrière notre quête de frissons et notre la fascination commune pour l’étrange et le macabre, se cache un paradoxe profondément humain : la tension entre la peur de la mort et le plaisir que l’homme trouve à se faire peur.
La peur de la mort est une constante de l’expérience humaine. Depuis l’aube de la civilisation, les êtres humains ont cherché à comprendre et à apprivoiser la mort, souvent en la redoutant. Elle est l’inconnu ultime, le grand mystère qui plane sur notre existence. La peur de la mort est profondément enracinée dans notre psyché, et elle se manifeste de différentes manières : anxiété existentielle, rites funéraires, croyances religieuses, etc.
P.O.V : pourquoi, alors, recherchons-nous cette peur alors que nous fuyons la réalité de la mort ?
Une explication de ce paradoxe réside dans le concept de catharsis, qui a été introduit par le philosophe grec Aristote. Selon ce dernier, le spectacle de l’horreur, lorsqu’il est maîtrisé et transformé en une expérience esthétique, peut avoir un effet purificateur sur nos émotions. En d’autres termes, le fait de se confronter à nos peurs dans un contexte contrôlé peut nous permettre de les exorciser.
Ainsi, les histoires d’horreur et les expériences d’Halloween nous donnent l’occasion de faire face à notre propre peur de la mort d’une manière relativement sécuritaire.
Halloween nous rappelle également que la mort et la vie sont étroitement liées. Les citrouilles, par exemple, symbolisent à la fois la mort (car elles sont creusées comme des crânes) et la vie (car elles sont illuminées de l’intérieur). Les déguisements d’Halloween nous permettent de jouer avec notre propre mortalité en adoptant des identités éphémères et fantastiques.
Cette célébration annuelle met en lumière le cycle de la vie et de la mort, tout en nous permettant de prendre un recul amusant par rapport à notre angoisse existentielle.
III. QUEL BENEFICE POUR NOUS ?
Ce moment irréel et temporaire peut être considéré comme une sorte d’échappatoire à notre routine quotidienne. Il y a l’idée de rompre avec la monotonie de notre vie. Les jours diminuent, il y a moins de jours ensoleillés et notre moral baisse.
Les frissons déclenchés par des images d’horreur provoquent physiologiquement en nous une montée d’adrénaline qui nous met en alerte, éveil tous nos sens et décuple notre énergie. Nous sommes comme « excités » par le contexte et cela nous fait du bien.
L’être humain est naturellement curieux, et ces représentations morbides et démoniaques nous permettent d’explorer des émotions et des situations qui sont (heureusement) généralement très éloignées de notre la vie quotidienne.
Nous cherchons, ainsi, à comprendre et à maîtriser ce qui nous effraie.
Lorsque nous nous confrontons à nos peurs dans un environnement contrôlé, nous sommes en mesure de libérer nos tensions et nos émotions refoulées.
Se faire consciemment peur nous permet d’apprendre à gérer nos émotions. C’est un moyen de nous confronter à elle, de mieux les comprendre et, éventuellement, de les surmonter.
Halloween est également une fête sociale, où les gens se rassemblent pour partager des expériences effrayantes. Cette camaraderie dans l’horreur renforce les liens sociaux. Lorsque nous partageons des moments de peur avec nos contemporains, nous créons des souvenirs communs et renforçons nos relations. L’horreur devient alors un moyen de renforcer la cohésion sociale et de renouer avec nos proches.
De plus, après avoir « survécu » à une expérience effrayante, nous ressentons un soulagement et une satisfaction particulière. Cette satisfaction provient du sentiment d’avoir surmonté un défi et d’avoir fait preuve de courage et de résilience.
En nous confrontant à nos peurs les plus irrationnelles, nous nous rappelons la fragilité de notre propre existence et l’importance de la vivre pleinement.
Halloween nous enseigne que, même si la peur de la mort est omniprésente, nous avons la capacité de la transcender et de trouver du plaisir dans notre fascination pour l’inconnu et le mystère.
Alors que nous nous préparons à nous plonger dans l’obscurité de la nuit d’Halloween, rappelons-nous que la peur et le plaisir ne sont pas nécessairement opposés, mais qu’ils peuvent coexister.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons votre total accord. AccepterRefuserEn savoir plus
Infos Cookies
Privacy Overview
This website uses cookies to improve your experience while you navigate through the website. Out of these, the cookies that are categorized as necessary are stored on your browser as they are essential for the working of basic functionalities of the website. We also use third-party cookies that help us analyze and understand how you use this website. These cookies will be stored in your browser only with your consent. You also have the option to opt-out of these cookies. But opting out of some of these cookies may affect your browsing experience.
Necessary cookies are absolutely essential for the website to function properly. This category only includes cookies that ensures basic functionalities and security features of the website. These cookies do not store any personal information.
Any cookies that may not be particularly necessary for the website to function and is used specifically to collect user personal data via analytics, ads, other embedded contents are termed as non-necessary cookies. It is mandatory to procure user consent prior to running these cookies on your website.